Qui a été le vainqueur du duel Biden-Poutine ? La réponse est claire mais peut-être surprenante. C’est la ville de Genève qui a su organiser le sommet et assurer la sécurité de ses participants, au prix d’une fermeture de la ville pour ses habitants. Genève a démontré une fois de plus que c’est le lieu par excellence où les diplomates aiment venir et se sentent bien.
Autrement, le sommet semble avoir produit peu de résultats. On a parlé d’une réouverture des consulats russes et américains. Il n‘en était rien. On a évoqué un échange des prisonniers. La question a achoppé sur la valeur inégale des individus détenus par les Russes et les Américains. On a décidé le retour des ambassadeurs rappelés « pour consultation » dans leurs capitales respectives il y a quelques mois. Voici le seul résultat concret du sommet.
Depuis longtemps on a cherché à minimiser les effets possibles du sommet. C’était surtout le cas des Américains mais dernièrement les Russes s’y sont joints. En répondant aux critiques de ses détracteurs qui demandaient pourquoi Biden souhaitait offrir un tel « cadeau » à Poutine, la Maison Blanche rappelait que la diplomatie consistait à parler avec ses ennemis autant qu’avec ses amis.
En particulier, Biden cherchait à effacer la mauvaise impression (du point de vue américain) laissée par le dernier sommet entre un président américain, Donald Trump en l’occurrence, et le président russe à Helsinki en 2018.
Le fait que la célèbre réunion Reagan-Gorbatchev en 1985, qui a impliqué un président du parti républicain opposé en presque tout au président démocrate, Biden, ait eu lieu dans cette même ville de Genève n’était qu’une heureuse coïncidence.
Biden devait montrer qu’il était fort, « tough », face au Russe, qu’il n’allait rien concéder et qu’il allait accabler son adversaire avec la liste des doléances américaines à l’égard de la Russie.
Alors pourquoi le président russe a accepté l’invitation de son homologue américain de se rencontrer ? Il était, sans doute, flatté d’être considéré l’égal de l’Américain. Ce que la Russie est sur le plan nucléaire seulement.
Il espérait peut-être un accord sur le contrôle des armements, auquel les Russes tiennent plus que les Américains.
Surtout, la Russie était contente d’être vue comme une puissance aux intérêts universels, pas seulement régionaux, statut auquel les présidents américains précédents l’avaient reléguée. Ici aussi, comme dans le cas américain, les considérations de politique domestique l’emportaient sur les considérations de politique étrangère.
Le bilan du sommet ? Les deux parties se sont entendues sur la création de groupes de travail qui porteront des fruits, ou n’en porteront pas, dans les mois à venir. Entretemps, le seul vrai gagnant du sommet c’est la ville de Genève.
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