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Global Migration Centre

Experts, médiateurs et courtiers de la bonne gouvernance

Etude comparative des pratiques transnationales de démocratisation

 

Financé par l’Agence Nationale de la Recherche (France), ce projet de trois ans (2007-2009) visait à analyser l’interaction entre les experts internationaux et les acteurs locaux qui participent à des processus de démocratisation. Il s’inscrit dans une démarche comparative et a porté sur huit pays différents : Roumanie, Kirghizstan, Afghanistan, Indonésie, Bolivie, Cuba, Sénégal, Nigeria. Le projet a regroupé cinq anthropologues, trois politologues et un sociologue apparentant à une génération assez homogène de chercheurs (35-40 ans dans leur majorité) : Laëtitia Atlani-Duault (Université de Lyon II), Romain Bertrand (CERI, Paris), Giorgio Blundo (SHADYC-EHESS, Marseille), Dejan Dimitrijevic (URMIS-Université de Nice), Nicolas Guilhot (CSE-CNRS, Paris), Marc-Antoine Pérouse de Montclos (IRD, Paris), Boris Pétric, coordinateur (IIAC/LAIOS-CNRS, Paris), David Recondo (CERI, Paris) et le soussigné.

Coalitions d’ONG et forums d’associations ou de mouvements sociaux constituent autant de nouvelles arènes politiques qui tendent à se développer à travers le monde. Les personnes qui les animent se présentent comme non partisanes et apolitiques. En se penchant sur la manière dont ces structures sont organisées et mises en réseau grâce au soutient financier et logistique des agences bilatérales, des fondations ou des organisations non gouvernementales basées en Occident, les différents chercheurs associés au projet se sont demandés si elles ne participaient pas étroitement, dans les faits, à la redéfinition du pouvoir. Cette démarche a conduit à réinterroger la notion traditionnelle d’Etat de façon à penser les déplacements de souveraineté et de légitimité liés à l’émergence de ces réseaux transnationaux.

Dans ce contexte, Alessandro Monsutti a étudié la plus importante initiative de reconstruction de l’Afghanistan, le NSP (National Solidarity Programme), vaste projet de réhabilitation rurale financé par la Banque Mondiale qui en a délègué la mise en œuvre à des ONG internationales qui elles-mêmes sous-traitent le plus souvent à des ONG nationales. Le NSP se fonde sur la conviction que les leaders issus de la guerre sont discrédités auprès de la population. Des équipes vont de village en village pour constituer des assemblées qui doivent définir les priorités des communautés locales. En fonction du nombre d’habitants, certaines ressources sont ensuite allouées. Cette approche de community building contourne l’administration encore embryonnaire des provinces et des districts, qui se trouve ainsi privée des domaines d’activités qui en sont la raison d’être ; ensuite, elle recherche un niveau idéal de solidarité où toute relation de pouvoir serait absente et où les intérêts de tous seraient parfaitement compatibles ; finalement elle conduit à l’émergence d’une nouvelle classe de notables qui savent reproduire en miroir le discours des bailleurs de fonds.

Le pouvoir découle du contrôle des ressources matérielles, mais aussi sociales, dans lesquelles il faut aujourd’hui inclure l’aide extérieure. Dans un processus de négociation voire de marchandage complexe, différents acteurs sont plus ou moins associés à la vaste redistribution de la manne internationale. Celle-ci représente un enjeu économique et politique important qui influence les logiques sociales.

Equipe du projet

 

Alessandro Monsutti

Publications

 

  • La transnationalisation du politique, Paris: éditions de la FMSH, 2011.
  • Democracy @large: NGO, International Organisations and political foundations, New York: Palgrave MacMillan, 2011.