Ce premier film documentaire sur le thème de la migration visait à amorcer au sein du GMC une réflexion à long terme sur les liens entre l’image et les sciences sociales. Tout comme celle de l’anthropologue, la présence de la caméra transforme les situations de manière inévitable. Ainsi, dans la tradition du cinéma direct, Jean Rouch s’était attaché à utiliser cette dynamique dans ce qu’elle a de productif : solliciter, auprès des personnes filmées, une attitude participative articulée autour de ce qu’elles désirent montrer ou dire de leur mode de vie. A l’origine du court-métrage réalisé par Philippe Gazagne, il y a une rencontre avec Fathi, tunisien arrivé en Suisse en mars 2011 via Lampedusa.
Si les quatre semaines de la réalisation ont été consacrées à l’écriture d’une note d’intention, à une réflexion autour d’un point de vue, il ne s’agissait pas d’illustrer des idées pensées a priori. Au contraire, le temps du tournage est fait d’aléas, de surprises et de découvertes qui viennent bousculer les idées premières. L’inattendu prend alors une dimension productive et dynamique jusqu’à ce que le profil du travail audiovisuel en soit bousculé. C’est en cela notamment que les métiers de cinéaste et d’anthropologue s’apparentent, et que la production audiovisuelle peut enrichir la recherche en sciences sociales.