On s’interroge sur les risques qu’un Brexit pourrait représenter pour notre pays. On court toutefois le risque de s’enfermer dans une vision tronquée, en négligeant l’existence d’opportunités qu’un Brexit pourrait offrir à la Suisse, juge Philippe Braillard (PhD ès sciences politiques, ’75), professeur honoraire de l’Université de Genève.
La sortie de leur pays de l’Union européenne, sur laquelle auront à se prononcer les citoyens du Royaume-Uni le 23 juin prochain, suscite de nombreux débats, non seulement dans l’UE mais également en Suisse.
Pour ce qui est tout d’abord de l’UE, il ne fait pas de doute qu’un Brexit ouvrirait une période de grande incertitude. Tout en gérant la sortie de ce membre, important par sa taille et son poids économique, l’UE devrait redéfinir ses relations avec ce pays, ce qui pourrait prendre plusieurs années, probablement bien plus que les deux ans qui sont généralement évoqués. On assisterait sans doute à une grande confusion au sein de l’Union, qui perdrait un important contributeur à son budget et serait privée d’une partie de son poids et de son influence internationale sur le plan non seulement financier mais aussi diplomatique et politique. Comme le mentionne le ministre allemand Wolfgang Schäuble, l’Europe continentale courrait le risque de devenir moins stable et donc plus fragile. Certains analystes vont même jusqu’à craindre une forte croissance des forces centrifuges, qui pourrait conduire à une dislocation d’une Union aujourd’hui confrontée à la grave crise des migrants, après avoir été affectée par la douloureuse gestion de la crise de l’euro.
Article complet, Le Temps, 05.04.2016