Contrairement aux messages dominants dans les formations et le conseil, notre recherche sur « Les ruptures familiales dans les très petites entreprises de l’Arc jurassien » montre que la dimension économique d’une petite entreprise n’en est pas la seule caractéristique dominante. La dimension familiale est également bien présente ! Celle-ci demeure très souvent négligée. Pourtant, une rupture (décès, divorce, accident) peut avoir des conséquences aussi bien pour la pérennité de l’entreprise que pour l’harmonie de la famille.

Notre recherche a souligné les enjeux financiers et gestionnaires des très petites entreprises familiales, les projets de leur transmission patrimoniale, l’organisation du travail, l’imbrication des espaces et temps professionnels et privés, les répercussions sur la santé et comment ceux-ci constituent des risques au moment d’une rupture.

Le genre traverse toutes ces thématiques. En effet, une conception hégémonique du couple complémentaire sous-tend l’organisation du travail dans l’entreprise familiale. Cette conception structure plus particulièrement les modalités de leur gestion économique (une maîtrise des coûts de production par l’auto-emploi et l’aide familiale), le projet de transmission (une socialisation des fils et filles dans la perspective d’une reprise), et la répartition des tâches domestiques et familiales.

L’enchevêtrement des sphères professionnelles et familiales peut représenter à la fois la cause d’une rupture (divorce par exemple) et avoir des conséquences. « On ne peut pas mener cette barque sans l’autre » nous dit un boulanger. Notre recherche montre toutefois que les interdépendances sont à géométrie variable selon le sexe du chef de l’entreprise, sa raison juridique et le régime matrimonial qui unit le couple. L’inventaire des risques auxquels sont exposées les entreprises familiales sera publié sous forme de brochure didactique à l’usage des formateurs, des vulgarisateurs et des futurs entrepreneur-es.

Un colloque international clôtura et prolongera notre recherche les 16 et 17 juin 2015 à l’Université de Franche-Comté à Besançon.