Dès le début de sa carrière, Gilbert Blardone manifeste un intérêt particulier pour l‘Afrique, notamment pour la formation de cadres à la veille de l’indépendance de nombreux pays. C’est d’ailleurs cet intérêt pour l’Afrique qui le conduit à Genève pour y enseigner dans ce qui était alors l’Institut africain de Genève. Témoin de l’émergence du tiers-monde, il porte une attention particulière aux stratégies de développement les mieux à même d’améliorer les conditions de vie de l’ensemble de la population. Il mène aussi des recherches sur les relations économiques internationales, notamment sur le système monétaire international. Il analyse la crise de surendettement qui frappe de nombreux pays en développement dans les années 1980 et le rôle du Fonds monétaire international dans la mise en place de programmes d’ajustement structurel qui prennent peu en compte la situation spécifique de chaque pays et qui entraînent de lourds coûts sociaux.

Un trait marquant de la pensée de Gilbert Blardone est de mettre les êtres humains au cœur de l’analyse économique, préfigurant ainsi le concept de sécurité humaine lancé par les Nations Unies en 1994. Pour lui, la croissance économique dans les pays à faible revenu n’est pas une fin en soi, mais un moyen d’offrir à chacun une vie digne.

À l’Institut, Gilbert Blardone a donné des cours et des séminaires sur l’économie du développement et les stratégies de développement économique. Ses étudiants ont bénéficié de ses dons pédagogiques et son enthousiasme communicatif. Il les a initiés à une économie humaniste, ouverte à d’autres disciplines.

Dans un de ses derniers ouvrages, Gilbert Blardone se décrivait lui-même comme un « économiste hétérodoxe, allergique aux idéologies, observateur passionné de la réalité ». L’Institut conservera le souvenir de sa contribution à l’essor des études de développement à Genève et de sa personnalité chaleureuse. Il adresse à sa famille ses sincères condoléances et l’assure de sa sympathie dans l’épreuve de séparation qu’elle traverse.


Jacques Forster, directeur de l'IUED de 1980 à 1992