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Conseil de fondation
13 May 2019

L’INSTITUT DE 2007 À NOS JOURS: UNE STRATÉGIE QUI A PORTÉ SES FRUITS

Jacques Forster, professeur honoraire de l’Institut et ancien vice-président du CICR, a récemment quitté le Conseil de fondation après 12 années. Successivement vice-président (2007 à 2010) et président (2010 à 2014), il témoigne sur ces années qui ont permis à l’Institut de se transformer et se développer considérablement.

J’ai eu le privilège de siéger au Conseil de fondation de l’Institut depuis sa création en 2007, au moment de la fusion de l’Institut universitaire de hautes études internationales (IUHEI) et de l’Institut universitaire d’études du développement (IUED). 

Ma première pensée lorsqu’on me demanda de faire partie du Conseil du nouvel institut fut que ce projet arrivait à point nommé. On peut trouver diverses explications au fait que les études de développement ont dans les années 1960 souvent pris leur essor sur une autre voie que celles des relations internationales. Il m’apparaissait cependant qu’au début du XXIe siècle, cette séparation n’avait aucune justification épistémologique dans un monde où chaque région connait des « problèmes de développement » et où un enjeu capital dans les relations internationales est la gestion de problèmes globaux. 

En 2019, je vois que l’Institut répond aux attentes de ses initiateurs ; ceci est attesté par la qualité de la recherche qui s’y conduit et des formations qui s’y dispensent, par son rayonnement international et son rôle dans l’animation intellectuelle de la cité. De mes 12 années au Conseil de fondation, je retiens quelques éléments auxquels j’attribue cette réussite.

Un projet académique pertinent avec des programmes d’enseignement combinant des approches disciplinaires et interdisciplinaires, et des centres de recherche thématiques en phase avec les principaux problèmes globaux et la Genève internationale. La création récente du Centre Albert Hirschman sur la démocratie témoigne de la capacité de l’Institut de mettre ses compétences et son expérience au service de questionnements contemporains. L’Institut remplit ainsi sa triple mission d’étude des problèmes contemporains, de formation et de promotion de la coopération internationale. 

Un modèle de gouvernance novateur. Le Conseil fédéral et le Conseil d’État de la République et Canton de Genève ont, en approuvant les statuts de la Fondation, voulu doter l’Institut d’un mode de gouvernance nouveau dans le paysage des hautes écoles de Suisse, dont il enrichit la diversité. Cette nouveauté s’exprime dans la très grande autonomie accordée à l’Institut pour définir et mettre en œuvre son projet académique, sa stratégie de financement et son organisation interne. Une convention quadriennale conclue avec les pouvoirs publics fixe les objectifs à atteindre. Une évaluation des résultats atteints au bout des quatre ans est conduite par les autorités ; c’est sur cette base que l’Institut rend compte de sa gestion aux autorités de subventionnement. 

Les membres du Conseil de fondation incarnent cette autonomie ; ils y siègent sur la seule base de la pertinence et la diversité de leurs compétences et expériences. La gouvernance de l’Institut a su dans son fonctionnement agencer harmonieusement la réflexion commune du Conseil et du Directeur sur les grands enjeux stratégiques, la décision par le Conseil et la mise en œuvre de la stratégie conduite par une Direction forte. 

Une stratégie clairvoyante et audacieuse. Lors de la création du nouvel Institut, son Directeur a proposé au Conseil une stratégie institutionnelle fondée sur la recherche d’excellence. Le rayonnement de l’Institut est le fruit de cette stratégie, attesté par un réseau de partenariats avec des hautes écoles de premier plan dans le monde entier. La mise en œuvre de cette stratégie nécessitait des ressources financières accrues qui ne pouvaient être garanties par les seuls pouvoirs publics. Le volet financier de la stratégie vise ainsi à diversifier les sources de financement en nouant des partenariats avec des mécènes qui soutiennent des investissements immobiliers, des centres de recherche et des chaires et en développant les ressources propres de l’Institut (revenus de la recherche et de la formation continue). On voit aujourd’hui que cette stratégie a porté ses fruits. 

Un Institut bâtisseur. Une dimension centrale de la stratégie institutionnelle est sans doute la réalisation de trois grands projets immobiliers, la Maison de la paix et deux résidences pour étudiants, dont une en construction. Ils répondent à des besoins critiques en locaux et en logements et permettent aussi, grâce notamment au soutien généreux de mécènes, de dégager des ressources destinées à financer les activités de l’Institut, y compris un ample programme de bourses d’études. La Maison de la paix est aussi devenue, en peu de temps, un lieu privilégié de rencontres et de débats au cœur de la Genève internationale, renforçant ainsi les liens entre l’Institut et la Cité.

La réussite du nouvel Institut doit beaucoup à la confiance que les pouvoirs publics et ses partenaires privés lui accordent, ainsi qu’à la reconnaissance de son excellence académique. Cette confiance repose sur l’engagement et la qualité de ses enseignants et chercheurs, de son personnel administratif, et aussi de ses étudiants venus du monde entier. En conclusion, je souhaite rendre hommage au directeur de l’Institut, Philippe Burrin, dont la clairvoyance, la détermination et l’autorité ont porté ce projet. 
 

Titulaire d’un doctorat en sciences économiques de l’Université de Neuchâtel (Suisse), Jacques Forster a collaboré 10 ans au sein de la coopération suisse au développement. Il a été ensuite, de 1977 à 2006, professeur à l’Institut universitaire d’études du développement (IUED), dont il fut le directeur de 1980 à 1992. Il est l’auteur de publications sur les relations Nord/Sud et la coopération internationale au développement. Il a été membre du Comité international de la Croix-Rouge, dont il a été vice-président de 1999 à 2007.