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Faculté & experts
03 December 2024

L’Europe et la Suisse à l’aube d’une nouvelle ère politique en Europe et aux États-Unis

Le professeur Cédric Dupont fait la synthèse des trois débats organisés le 22 novembre dernier dans le cadre du 10ème séminaire sur les relations entre la Suisse et l’Union européenne.

Le 22 novembre dernier, le Geneva Graduate Institute a accueilli la dixième édition du séminaire sur les relations Suisse-Europe, un événement organisé en partenariat avec Avenir Suisse et Foraus, deux think-tanks suisses de premier plan. Le thème central, cette année, était d’aborder, lors de trois panels, les relations de la Suisse avec l’Union européenne (UE) à l’aube de la nouvelle législature européenne et de la nouvelle ère politique aux États-Unis.

Le premier panel a cherché à circonscrire les conséquences potentielles du programme de la nouvelle administration de Donald Trump sur l’UE et la Suisse. Le démantèlement, même partiel, du système multilatéral est apparu comme la menace la plus grave, potentiellement existentielle à terme pour l’intégration européenne car elle remet en cause l’essence même du supranationalisme. Dans ce contexte délétère, les débats ont souligné l’état d’impréparation actuelle de l’UE et la nécessité pour cette dernière d’adopter une attitude plus proactive à l’égard de sujets tels que la défense sur le plan continental et d’assumer un leadership décomplexé s’agissant de sujets globaux tels que le changement climatique. Cela a permis de souligner l’importance d’élever la question de l’engagement européen de la Suisse au niveau de celui d’une communauté de valeurs avec les pays membres de l’UE.

Le deuxième panel a abordé la question de la compétitivité de l’UE dans un monde marqué par une course technologique acharnée autour en particulier du numérique et du développement durable. Il a souligné le but premier du rapport Much More Than a Market préparé par Enrico Letta pour le Conseil et la Commission de l’UE, à savoir une prise de conscience de la nécessité d’un nouvel élan pour briser le plafond de verre actuel en matière d’innovation et de rendements d’échelle. La discussion a insisté sur l’urgence de favoriser au sein de l’UE une cinquième liberté de mouvement, axée sur la circulation des données, la mobilité des chercheur·es et une plus grande intégration des centres de recherche. Le panel a révélé une convergence de vues quant à l’amélioration des conditions-cadres de l’économie préconisée par le Rapport de situation 2024 sur l’économie suisse. Des inquiétudes et divergences sont toutefois apparues sur le risque d’une tentation protectionniste de l’UE, sous la forme notamment d’un filtrage des investissements étrangers ou de la recherche de champions industriels européens.

Le troisième panel fut d’un genre nouveau, à la fois par son contenu et ses participant·es. À la suite d’un large appel à contributions, trois groupes de quatre ou cinq étudiant·es ont présenté quatre scénarios sur le futur des relations entre l’UE et la Suisse à l’horizon 2035. Chaque groupe a choisi de mettre l’accent sur différents prismes : les transports et plus généralement la mobilité, la technologie et la défense européenne, ou la coopération dans le contexte géopolitique mondial. Il en est ressorti d’une part de nouvelles possibilités de dynamiques de coopération centrées soit sur des ententes entre populistes, soit sur une gouvernance partagée entre acteurs infranationaux, et d’autre part une illustration de l’impact de certaines décisions populaires en Suisse, par exemple en matière de neutralité et de limitation démographique, impact qui se ferait particulièrement ressentir dans les scénarios de fortes turbulences continentales. 

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