news
Alumni
07 November 2017

L’égalité salariale hommes-femmes? Pas avant 2186

Saadia Zahidi (Master en économie internationale ’04) est responsable éducation, genre et travail et membre du Comité exécutif du Forum économique mondial (WEF)

Le Forum économique mondial (WEF) réalise chaque année une étude sur les disparités de genre. Spécialiste de ces questions, Saadia Zahidi souligne que les femmes souffrent davantage des changements technologiques – et que la Suisse recule sur ce point.

*  *  *  *  *

En 2186, les femmes pourront gagner le même salaire que les hommes. Il faudrait donc encore 170 ans pour atteindre la parité dans ce domaine après «un recul dramatique des progrès». C’est le résultat d’une étude mondiale publiée mercredi dernier par le Forum économique mondial (WEF). Lointain? C’est pire que cela: l’an dernier, la même étude parlait de 2133 avant que l’écart des genres ne disparaisse dans le domaine économique. En moyenne, selon l’étude, les femmes gagnent un peu plus de la moitié du salaire d’un homme.

La Suisse régresse
Un certain nombre de pays, dont la Suisse et les Etats-Unis, affichent une régression, qui s’explique en partie par des changements méthodologiques qui donnent une image plus précise des inégalités. La première dégringole du 10e au 11e rang, tandis que les seconds s’effondrent au 45e rang, perdant 17 places. L’Islande et les pays nordiques dominent le classement. Le top dix n’est pas la chasse gardée des Européens. Le Rwanda (5e), les Philippines (7e) et le Nicaragua (10e) y figurent aussi.

L’Europe occidentale, avec onze pays dans les 20 premiers, reste néanmoins la mieux représentée. Dans l’ensemble, c’est la région qui traite les femmes le mieux, avec un écart comblé à 75%. Selon les projections du WEF, il pourrait disparaître totalement en 47 ans. L’Italie et la Grèce faisant exception: les deux pays ont chuté à la 50e et 92e place. Au fond du classement, l’Asie du sud: il faudrait plus de mille ans pour arriver à l’égalité si aucun effort supplémentaire n’est fait.

Des talents gâchés
Pour le WEF, «le monde risque de gâcher un nombre alarmant de talents s’il n’agit pas rapidement pour réduire les inégalités entre les sexes qui peuvent compromettre la croissance et priver certaines économies de possibilités concrètes de développement.» Le rapport ausculte quatre domaines: l’accès à l’éducation, à la santé, aux opportunités économiques et la représentativité politique. Les deux premiers secteurs sont les plus égalitaires à travers le monde. Dans le domaine économique, la situation inquiète d’autant plus que la tendance au rattrapage s’inverse et que «le fossé entre les sexes, désormais de 59%, est plus élevé qu’il n’a jamais été depuis 2008», souligne le rapport. En politique, des progrès sont visibles, même si cela reste le domaine où les écarts sont les plus criants (23%, contre 22% en 2015).

«Les évolutions technologiques affectent davantage les femmes que les hommes»
Responsable de l’étude, spécialiste des questions de genre et membre du comité exécutif du WEF, Saadia Zahidi détaille ces résultats. Les femmes sont davantage affectées par le changement technologique, prévient-elle.

Article complet de Mathilde Farine (Master in International Relations ’06), cheffe de la rubrique économique, Le Temps.