Interrogé par RTSinfo, le politologue Frédéric Esposito estime que la Suisse "pourrait être une cible potentielle" des djihadistes au vu de la portée symbolique de villes comme Genève.
RTSinfo: La Suisse est-elle en alerte face à une éventuelle menace?
Frédéric Esposito: "La Suisse devrait être en alerte comme tous les pays européens depuis qu'on a identifié, il y a environ deux ans, que des jeunes partaient faire le djihad en Syrie et risquaient de revenir avec des intentions plus ou moins pacifiques.
Au-delà de cela, la Suisse reste un pays occidental à majorité chrétienne aux yeux des djihadistes. S'il est vrai que le terrorisme moderne privilégie les villes où les concentrations de population sont élevées pour faire le plus de victimes possibles, il ne faut pas négliger la dimension symbolique. Genève, par exemple, se définit comme ville de paix, elle abrite beaucoup d'organisations internationales et d'ONG associées aux pays occidentaux et pourrait être une cible potentielle."
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Sommes-nous prêts à réagir en cas d'attaque sur le sol suisse?
"A mon avis, la Suisse sous-évalue le risque terroriste sur son territoire. Elle est prisonnière d'une approche sécuritaire qui accorde une grande place aux cantons. Si ces derniers sont compétents, ils dépendent de l'autorité fédérale pour prendre des décisions importantes. Cela peut limiter notre capacité à agir rapidement.
En cas d'attaque de grande ampleur, la police et l'armée seraient bien sûr mobilisées, mais il pourrait y avoir des problèmes de coordination. Nous n'avons pas en Suisse de force comparable au GIGN français extrêmement rapide et spécialisée dans les opérations de contre-terrorisme."
Propos complets recueillis par Juliette Galeazzi.