Photo: Pascal Frautschi
Né à Naples en 1936, de père italien et de mère tchèque, Alexandre Casella arrive à Genève à l’âge de 6 ans. Il y fait ses études et obtient, en 1967, son doctorat ès science politiques à l’Institut après un passage par la Sorbonne. Il couvre la guerre du Vietnam comme journaliste libre puis, en 1973, devient consultant pour le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et consacre la plus grande partie de sa vie aux réfugiés.
En poste à Hanoi, en Chine, à Beyrouth et à Bangkok, il terminera sa carrière avec le titre de directeur pour l’Asie. Retraité, il est encore aujourd’hui le correspondant à Genève de l’Asia Times et a publié, en 2012, Breaking the Rules, le récit de son parcours de vingt ans au sein d’une organisation internationale. Ecrit en anglais, le livre vient d’être traduit en chinois.
Aujourd’hui, alors que la Suisse se prépare à voter une nouvelle révision de la Loi sur l’asile, il affirme que la réforme de la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga va dans le bon sens. Entretien.
En dépit de votre parcours professionnel, vous estimez que la Suisse est trop généreuse en matière d’asile. Pourquoi?
Pendant trop d’années, nous avons essayé de trop bien faire. Nos procédures sont trop complexes, trop longues, des demandeurs d’asile attendent parfois quatre ou cinq ans avant d’avoir une réponse. Or, après autant de temps, que la personne ait menti ou dit la vérité, vous ne pouvez plus la renvoyer. Vouloir faire de l’humanitaire a enfermé la Suisse dans un piège: si l’on veut respecter le droit d’asile, il faut resserrer les procédures.
De votre point de vue, la révision va-t-elle assez loin?
Demander l’asile n’est pas un geste anodin. On peut toujours faire mieux. Par exemple, il faudrait qu’on exige de tout demandeur d’asile qu’il signe une charte, dans laquelle il s’engage à ne dire que la vérité, à ne pas donner de faux noms, à ne pas tricher sur son parcours et à rentrer dans son pays si sa demande est refusée. Si cette mesure entrait en vigueur, elle donnerait aux demandeurs d’asile la conscience qu’ils accomplissent un geste important.
Avec cette réforme, la Suisse ne court-elle pas le risque de commettre de profondes injustices?
Je ne le pense pas, même si nous vivons dans un monde injuste et qu’il faut l’accepter. (…)
Suite de l’article écrit par Federico Camponovo, La Tribune de Genève, 23 mai 2013