Notre professeur Jean-Franc̜ois Bayart a publié un nouvel article dans le journal Libération intitulé 'Sahel : la grande distorsion'.
La pression démographique, l’aggravation de l’inégalité sociale et le jihadisme rendent probable l’exacerbation du «gouvernement dans la violence». Seule la libéralisation de la circulation de la main-d’œuvre vers d’autres pays de la région, mais aussi de l’Europe, pourrait éviter une nouvelle crise politique majeure.
Le jihadisme au Sahel doit être replacé dans son contexte historique. Les classes politiques africaines et l’Organisation de l’unité africaine (OUA) ont choisi, au lendemain des indépendances (dans les années 1960), de reproduire le cadre territorial hérité de la colonisation et ont entériné le principe de l’Etat-nation. De ce fait, elles sont demeurées dans l’épure d’une combinatoire biséculaire, associant l’expansion du mode de production capitaliste et l’universalisation de l’Etat-nation comme mode d’organisation politique à l’échelle du système international. Cette séquence s’est paradoxalement accompagnée de l’exacerbation de formes d’identification sociale, dont l’ethnicité et la confession religieuse sont les deux principales manifestations sur l’ensemble du continent africain.