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Alumni
20 December 2016

La microfinance est en train de sortir de sa niche

Fondateur et directeur de Symbiotics, Roland Dominicé a obtenu son diplôme en 1998. Il revient sur dix ans d’histoire.

Fondateur et directeur de Symbiotics, Roland Dominicé a obtenu son diplôme en 1998. Il revient sur dix ans d’histoire.

Depuis sa création en 2005, la société genevoise Symbiotics publie chaque année une étude détaillée sur son domaine de prédilection: les fonds d’investissements en microfinance. Une étude qui s’est imposée au fil des années comme la référence du secteur, celle qui permet aux gérants de comparer leurs performances et à l’industrie d’observer son évolution. Fondateur et directeur de la société, Roland Dominicé revient sur dix ans d’histoire.

christophe-dominice.jpgQuels sont les principaux changements qu’a connu la microfinance depuis 2005?

Ce qui est le plus frappant c’est la continuité qui a marqué le secteur, la stabilité des tendances. Les femmes sont ainsi toujours les premières bénéficiaires (60%) de la microfinance, tout comme les régions d’Amérique Latine, d’Europe de l’Est et d’Asie centrale. La répartition de 50/50 entre les zones urbaines et rurales est elle aussi restée la même.

L’Afrique et le Moyen-Orient ne représentent que 12% du marché, cela vous étonne-t-il?

Oui et non. Tout le monde s’attend aujourd’hui à voir l’Afrique grandir rapidement dans les portefeuilles mais on oublie que les processus liés à la microfinance prennent du temps à se mettre en place. La surprise à mon sens c’est que l’Amérique Latine continue de bénéficier d’environ un tiers des investissements de la part des fonds de microfinance alors que beaucoup d’observateurs s’attendaient à ce qu’elle ait un rôle graduellement moins important, et que les financements locaux y prennent le relais rapidement.

Pourquoi cela ne s’est-il pas produit?

Car les institutions de microfinance en Amérique Latine souhaitent pouvoir diversifier leurs sources de financement et restent très attachées aux investissements européens en particulier. Au final, ce n’est pas l’Afrique qui est en retard mais plutôt les autres régions historiques de la microfinance qui ont poursuivi sur la voie d’une croissance rapide.

Cette stabilité est-elle aussi visible du côté des investisseurs?

Oui, il y a chaque année depuis 10 ans environ un milliard de dollars d’argent frais qui arrive sur le marché des fonds de microfinance, ce qui porte son total à 12 milliards. Sinon tous les indicateurs sont stables: le taux de rendement moyen est toujours resté autour de Libor +3%, le taux de défaut, même s’il a connu un pic durant la crise, autour de 2% et le coût de gestion autour de 2%, pour les fonds «fixed income». Le plus étonnant c’est que ce sont toujours les mêmes sociétés de gestion qu’il y a 10 ans qui dominent le secteur, il y a eu ni fusion, ni disparition, ni acquisition, ni nouveaux arrivants.

Article complet de Sébastien Dubas, Le Temps, 20.12.2016