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Alumni
22 March 2017

Ingrid Kragl (’12), directrice de l'information chez foodwatch

Ingrid Kragl a mené sa carrière de journaliste aux quatre coins du globe. Elle a étudié le journalisme, le plaidoyer en affaires internationales, les rouages des Nations unies et maîtrise plusieurs langues.

Ingrid Kragl a mené sa carrière de journaliste aux quatre coins du globe. Elle a étudié le journalisme, le plaidoyer en affaires internationales, les rouages des Nations unies et maîtrise plusieurs langues.

Sa rencontre avec Thilo Bode, fondateur de foodwatch, à l’occasion de la publication du rapport qui déstabilisa les banques européennes – « Les spéculateurs de la faim » – l’a confortée dans l’idée qu’il y a bel et bien un devoir d’information, un devoir de vérité. Depuis ses débuts, foodwatch s’appuie sur le travail d’investigation de journalistes mais aussi de scientifiques et d’experts de l’alimentation ou des méandres de la politique. foodwatch n’a de cesse de partager ses informations avec le plus grand nombre.

Ingrid Kragl enquête donc, creuse, recoupe, informe. Elle est directrice de l’information depuis 2013 et vient de proposer un poste de responsable de campagne à notre communauté d’anciens. Elle raconte.

Dans quelles circonstances foodwatch a-t-elle été créée ?

C’est Thilo Bode, ancien directeur de Greenpeace International, qui a créé foodwatch en 2002, alors que l’Europe traversait la crise de la vache folle. Il était évident que ni les pouvoirs politiques, ni les acteurs de l’agroalimentaire ne pouvaient garantir la protection des consommateurs et qu’ils se refusaient à fournir les informations que nous étions en droit d’obtenir sur nos aliments. foodwatch compte des bureaux à Berlin, Amsterdam et Paris.

Votre association se bat pour la transparence dans le domaine alimentaire ?

C’est notre cheval de bataille. Les industriels de l’alimentaire n’ont aucun intérêt à être totalement transparents et opposent une véritable résistance. Ils parviennent, par le jeu du lobbying, à imposer aux pouvoirs publics leurs règles, leurs codes de bonnes pratiques. Le consommateur ne sait pas que ces codes protègent surtout les fabricants. Or, nous avons le droit de connaître la vérité; c’est fondamental pour choisir nos aliments en connaissance de cause.

Vous qualifiez les pratiques discutables de l’industrie agro-alimentaire de « ruses légales » ou encore d’« arnaques sur l’étiquette »

Les industriels disposent d’une grande liberté, par exemple concernant les visuels très flatteurs des produits. Ils peuvent aussi ne pas lister certains ingrédients à l’avant de l’emballage ou ne pas mentionner l’origine de certains composants. Ces pratiques, autorisées par les règlements en vigueur, sont légales mais ne sont pas légitimes pour autant car elles induisent le consommateur en erreur. Nous dénonçons ces pratiques abusives.

Quelles sont vos méthodes de travail ?

Nous travaillons de façon totalement transparente. Pour notre campagne sur les arnaques sur l’étiquette, nous avons identifié des lacunes en matière d’information du consommateur, nous avons écrit aux fabricants pour leur demander des explications. Nous avons enquêté sur les fondements et la légalité de ces abus. Nous avons ensuite informé les médias et mobilisé les consommateurs afin que cela cesse. Notre approche consiste à mettre la pression sur les responsables de la désinformation mais aussi sur les politiques.  Et cela marche puisque nous avons obtenu de vrais changements.

foodwatch est une forme de contre-pouvoir ?

Oui. Par nos actions, nous tentons aux niveaux national et européen de mettre les politiques face à leurs responsabilités, de faire adopter des lois qui protègent les consommateurs et non les fabricants, de faire pression sur les acteurs du marché. Par exemple, notre rapport sur la contamination des aliments par des hydrocarbures présents dans les emballages en carton a poussé de grands noms de la distribution et de l’agroalimentaire en France à prendre des mesures pour stopper cette contamination et protéger les consommateurs.

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