Docteur de l’IUHEI et professeur de droit international durant 37 ans à l’Institut, Georges Abi-Saab a fêté ses 90 ans le 9 juin dernier. Sa vision du droit international, exprimée dans ses publications, ses cours et conférences, mais aussi comme praticien, a profondément marqué la discipline. Membre de l’Institut de Droit international, juge ad hoc à la Cour internationale de Justice, juge des Tribunaux pénaux internationaux pour l’ex-Yougoslavie et le Rwanda, membre de l’Organe d’appel de l’Organisation mondiale du commerce, arbitre, consultant du secrétaire général des Nations Unies, membre de la délégation égyptienne à plusieurs conférences internationales, avocat et conseil international, Georges Abi-Saab a consacré sa vie au progrès du droit international.
Georges Abi-Saab est avant tout un grand juriste, mais doté aussi d’une solide formation en économie et en science politique, à laquelle s’ajoute un vaste bagage culturel enrichi par l’Orient et l’Occident. C’est l’exemple type de ce qui constitue le trait marquant de l’Institut, dans lequel il a fait son doctorat et enseigné près de quatre décennies : l’interdisciplinarité. Maniant les deux langues de travail de l’Institut, il a dispensé son enseignement tant en français qu’en anglais. C’est ainsi qu’il est devenu le père intellectuel de plusieurs générations d’étudiant·es.
Georges Abi-Saab a été le premier à développer une analyse du droit international dans la perspective du tiers monde. Non pour faire dire au droit international ce qu’il ne dit pas, mais en l’interprétant en tant que réalité sociale, à partir de la conception du monde qui est la sienne. Son analyse se fonde ainsi sur l’examen des règles et des institutions internationales, qui composent un système juridique et qui s’appliquent à un corps social déterminé – la communauté internationale – à la lumière d’une finalité, la justice sociale internationale.
Cette manière de concevoir le droit international constitue une intégration harmonieuse de plusieurs éléments : le droit international comme système juridique, comme réalité sociale et comme expression des valeurs prépondérantes. Elle permet une analyse globale du phénomène juridique international qui dépasse les grilles d’analyse unidimensionnelles des courants de pensée classiques dans ses différentes versions, tout comme les pensées nihilistes en vogue aujourd’hui.
Georges Abi-Saab n’est pas seulement un grand maître du droit international, il est aussi et avant tout un humaniste. Toujours fidèle à ses convictions, il a transmis un programme – voire une philosophie – de vie : dire ce que l’on pense et agir en conformité avec ce que l’on dit.
Le 9 juin, l’Institut a organisé un colloque en l’honneur Georges Abi-Saab pour célébrer son 90e anniversaire.