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Alumni
05 October 2011

Femme à suivre: Mariko Korotoumou Théra

Elle est nommée coordonnatrice du PADESC financé par l’Union européenne à hauteur de 15 millions d’euros sur 60 mois en République du Mali

Analyste économique titulaire d'un Executive Master en études de développement de l'Institut de hautes études internationales et du développement de Genève, Mariko Korotoumou Théra, auparavant chargée de mission au ministère de la Culture (…) [a été] nommée (…) coordonnatrice [du Programme d’appui au développement économique, social et culturel (PADESC)].

[De] Mariko Korotoumou Théra, beaucoup de Maliens qui ont vécu les événements ayant provoqué la chute du général Moussa Traoré en mars 1991, retiennent l'image de celle qui était sur le devant de la scène en tant que responsable du mouvement syndical scolaire et estudiantin du Mali. En effet, elle est la première femme à avoir occupé le prestigieux poste de secrétaire général de l'Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM), dans une école d'enseignement supérieure mixte où il n'y avait que 500 femmes pour plus de 2000 hommes. Dans ces conditions, il n'était pas évident de voir une jeune femme présider aux destinées de l'AEEM.

Les plus jeunes Maliens quant à eux retiennent de Mariko Korotoumou Théra son engagement politique, notamment comme un des membres fondateurs du mouvement Solidarité africaine pour le développement et l'intégration (SADI), devenu par la suite un parti politique, dont elle défend en permanence les couleurs et les idéaux. Depuis la création de SADI en tant que mouvement politique jusqu'à sa transformation en parti (…), [Mariko Korotoumou Théra a occupé] le poste de secrétaire chargé de la promotion féminine. C'est à partir du dernier congrès du parti qu'elle est devenue secrétaire chargée de l'Organisation. C'est dire qu'elle bénéficie de la confiance des membres et responsables de SADI qui l'avaient d'ailleurs présentée sur leur liste comme candidate à la députation lors des dernières élections législatives, en 2007, en Commune I du district de Bamako.

Entre temps, elle a été porte-parole des femmes politiques du Mali, ce qui a amené beaucoup de Maliens à penser que c'est elle qui a mis en place le Cadre de concertation des femmes des partis politiques, alors qu’en réalité, il a été créé en 2003. Mariko Korotoumou Théra a su le redynamiser : utilisant ses méthodes et sa vivacité, elle est parvenue en faire un cadre réel d'échanges et de concertation entre les femmes politiques qui parlaient finalement beaucoup plus de cette structure que de leur propre parti politique. (…)
Chemin faisant, Mariko Korotoumou Théra s’est forgée une image de femme politique qui est venue s’ajouter à celle de jeune fille syndicaliste battante du mouvement scolaire et universitaire.

Mais Mariko Korotoumou Théra, ce n'est pas seulement le syndicalisme et la politique. "J'ambitionne d'avoir une expérience professionnelle avérée dans mon domaine de compétences, à savoir le développement. Un domaine que j'aime bien", précise-t-elle. En effet, diplômée en analyse économique (la première promotion du genre) à l'Ecole Nationale d'Administration (ENA) de l'Université de Bamako, elle a cherché à approfondir ses connaissances et performances dans le domaine du développement, en obtenant un Master en études de développement de l'Institut de hautes études internationales et de développement de Genève.

"En quittant le Mali, je suis partie dans l'intention d'être « major de promotion » et je l'ai été, après d'âpres études au cours desquelles j'ai vraiment bossé. Je me disais que si les femmes ont des difficultés d'accès à certaines fonctions, c'est en partie dû à la formation. Certaines privilégient la politique au détriment de la formation mais souvent ça ne va pas très loin. J’ai voulu mettre l'accent sur ma formation. Je pense que les femmes doivent travailler à avoir une assise professionnelle, c'est-à-dire la technicité requise dans nos domaines d'activités", explique Mariko Korotoumou Théra.

Faire décoller le programme PADESC

Rappelons au passage que beaucoup de chefs d'Etat de l'Afrique francophone sont passés par l’Institut genevois, en bref ou long séjour. Dans le cadre de la formation à l’Institut, les étudiants bénéficient de l'échange d'expériences à travers le brassage entre Asiatiques, Africains et Européens. "Mon passage à l’Institut a renforcé mes convictions : non seulement cela m'a fait comprendre que j'étais dans la bonne logique parce que je défendais là-bas les idées que j'avais l'habitude de soutenir dans mon parti mais j'ai aussi impressionné mes professeurs qui m'ont affirmé que je faisais partie des étudiantes dont ils ont gardé un très bon souvenir".

Actuellement, elle passe son temps entre ses activités politiques et ses responsabilités professionnelles au niveau du Projet d'appui au développement économique, social et culturel (PADESC) qui bénéficie d'un financement de l'Union européenne à travers le Fonds européen de développement (FED). Par son esprit d'initiative et sa connaissance du terrain issue d'une longue expérience de management de l'ONG "Femmes et Développement", elle est en train de faire décoller le programme PADESC.

Notons que l'éducation reçue de son père, Amadou Bani Théra, qu'elle ne cesse de citer tout au long de notre entretien, a beaucoup joué sur son itinéraire. A la question de savoir pourquoi elle a très tôt aimé la vie syndicale et politique elle répond: "J'ai reçu une éducation qui m'aide à aller dans le sens de la mesure, de la justice et de l'équité. Je suis issue d'une très grande famille et les grandes familles ne se gèrent pas comme ça. Toutes les grandes familles ont une histoire. Mon père, qui était un instituteur, donc un éducateur, et ma mère Ramatou N’Diaye dont le père, un ancien officier de l’armée issu d’une des grandes familles de Saint-Louis du Sénégal, ont donné à tous les membres de ma famille une éducation rigoureuse, fondée sur des valeurs et des principes qui guident nos actions", a souligné Mariko Korotoumou Théra, retenant ses larmes à l'évocation de son père, meilleur ami et confident, disparu il y a quelques années.

Amadou Bamba Niang in Bamako Hebdo, 31 mai 2011
 

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