Quel a été votre parcours avant de rejoindre l’Institut?
J’ai un parcours académique un peu diversifié. À la suite d’une licence en agronomie option production végétale et d’une maitrise en droit des affaires et carrière judiciaire à l’Université d’Abomey-Calavi au Bénin, j’ai fait un master en droit de l’environnement et protection des ressources naturelles à l’Ocean University of China. Je cumule quatre ans d’expérience dans la conception et la mise en œuvre de projets de développement durable.
Pourquoi avez-vous décidé de postuler au master interdisciplinaire (MINT) de l’Institut?
Mon inscription au programme MINT émane de ma volonté de joindre l’utile à l’agréable. En effet, grâce à mon leadership sur les questions d’actions climatiques et de résilience face aux changements climatiques, j’ai été invité, en tant que « Young Global Changemaker » d’Afrique sub-saharienne, à participer au 2020 Global Solutions Summit qui s’est tenu à Berlin. Cette expérience a renforcé mon aspiration à servir la cause commune, d’où la nécessité de me spécialiser en études de développement afin de trouver du plaisir à exercer ma profession.
Qu’appréciez-vous particulièrement à l’Institut?
L’Institut possède une panoplie de services qui lui confèrent son caractère exceptionnel dans le concert des universités. On peut citer entre autres les ateliers axés sur l’acquisition de connaissances pratiques, le Service carrière qui accompagne les étudiant∙es dans la recherche d’emplois et de stages et la préparation de dossiers de candidature, et les concours à l’instar du Geneva Debate et du Geneva Challenge qui permettent aux étudiant·es de montrer leurs talents. Mon coup de cœur reste le Jardin de la paix, une initiative très noble qui appelle à l’inclusion. Il s’agit d’un potager qui promeut le brassage entre les étudiant∙es, le personnel de l’Institut et les demandeurs et demandeuses d’asile du foyer Rigot. C’est une belle aventure que je répète cette année. En plus, l’initiative participe à la promotion de la nature en ville.
Quel est votre sujet de mémoire et quels sont vos projets pour l’avenir?
Mon mémoire porte sur la réforme de la gestion du financement public de la lutte contre les changements climatiques au Bénin pour renforcer la résilience des petits exploitants agricoles. Je compte poursuivre une carrière internationale en tant que consultant sur les politiques de développement et de renforcement de la résilience face au climat. D’ailleurs le cours «Development Finance for the Sustainable Development Goals» que j’ai suivi à l’Institut m’a incité à fonder Climate Relief, qui a mis en place un fonds spécial exclusivement féminin pour la résilience agricole face au climat.
Qu’entendez-vous par «résilience agricole face au climat» et pourquoi votre fonds concerne-t-il les femmes?
Les changements climatiques affectent les femmes de manière disproportionnée, principalement du fait de leurs rôles sociaux et culturels préexistants dans nos sociétés. En raison de leurs ressources et capacités financières limitées, les femmes productrices agricoles sont moins en mesure de s’adapter aux changements climatiques que les hommes. À cela il faut ajouter le poids de l’accomplissement des tâches ménagères (collecte de bois, de l’eau…), qui deviennent de plus en plus pénibles et chronophages aussi bien pour elles que pour leurs filles qui les aident. Les changements climatiques compromettent l’accès des filles à l’éducation ou l’achèvement de leur éducation, renforçant ainsi les inégalités de genre déjà présentes. Les filles sont souvent les premières à être retirées de l’école en cas de pressions économiques accrues sur le ménage dues au climat. Les interruptions de l’éducation peuvent avoir des effets néfastes sur leur développement personnel et leurs perspectives d’emploi et d’autonomisation future.
Dans ce contexte, le fonds contribue à la résilience des mères productrices agricoles à travers le renforcement de leurs capacités techniques de production et la mise à disposition de ressources financières destinées à l’achat d’intrants agricoles (semences de qualité, fertilisants biologiques…) et au paiement des opérations de campagne agricole. L’accès à ce crédit sans intérêts et en plus disponible à bonne date permet aux productrices d’être prêtes à s’adapter aux conditions agricoles changeantes et d’éviter des retards dans l’exécution des campagnes agricoles, qui pourraient être très préjudiciables pour les rendements en fin de campagne. À court terme, les bénéficiaires amélioreront leurs profils et seront éligibles pour contracter des crédits auprès des institutions de microfinance afin d’adopter à long terme des innovations qui renforcent leur résilience. Le fonds fait aussi obligation aux mères bénéficiaires de ne pas retirer leurs filles de l’école au profit des travaux champêtres. Au besoin, elles peuvent solliciter un crédit scolaire dédié aux filles.
Cet article a été publié dans Globe #34, la Revue de l'Institut.