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Gender centre
04 December 2015

Économie sociale et solidaire : qui nettoie la Maison de la paix?

Le Pôle genre et développement vient de publier l’ouvrage Une économie solidaire peut-elle être féministe ? Homo œconomicus, mulier solidaria dans la continuité du colloque organisé l’année dernière pour analyser les pratiques de l’économie sociale et solidaire (ESS) selon une perspective de genre. Si les initiatives relevant de l’ESS visent à constituer de nouveaux rapports sociaux et à réencastrer l’économie dans le social et le politique pour mieux servir la justice sociale, on n’en constate pas moins que les pratiques de ce secteur reproduisent dans une large mesure la division sexuelle du travail et une valorisation différentielle du travail. Ces activités se développant souvent dans le domaine de la reproduction sociale, les femmes y sont surreprésentées.

L’ouvrage permet entre autres de faire mieux connaissance avec l’entreprise de nettoyage de la Maison de la paix, Réalise, grâce à un article de son directeur Christophe Dunand. Réalise est une entreprise à but non lucratif d’insertion par l’économique qui place dans l’économie des femmes et des hommes sans emploi, qui n’ont pas de diplôme ou de titre reconnu en Suisse, en leur proposant un travail et un programme de développement de compétences. Elle suit les principes de l’ESS par un management participatif, une transparence financière totale ainsi qu’une organisation du travail et une gestion des ressources humaines favorables à la santé des collaborateurs et collaboratrices. L’entreprise étant constituée en association démocratique privée, tout·e collaborateur·trice peut en avoir le statut de membre et donc participer aux décisions stratégiques en assemblée générale.

En 2013, suite à la construction de la Maison de la paix, un bâtiment de presque 40’000 m2, l’IHEID a confié à Réalise le mandat du nettoyage de ses locaux. Dans un secteur où les conditions de travail sont le plus souvent mauvaises et où les femmes sont très présentes et soumises à des horaires difficiles, l’Institut avait recherché une entreprise utilisant les techniques de nettoyage les plus à la pointe de l’écologie et garantissant un engagement social maximal. Outre sa mission d’insertion sociale, Réalise sert un engagement écologique et s’emploie à limiter – voire à supprimer quand c’est possible – les produits de nettoyage chimiques : elle utilise environ 10 % des quantités de produits de nettoyage employés par une entreprise sans engagement écologique. Environ 25 personnes ont été recrutées pour nettoyer l’ensemble des bâtiments de l’IHEID et six personnes en formation ont été engagées à leurs côtés.

L’article dans sa version intégrale peut être lu sur le site du PGGC, ainsi que le sommaire de l’ouvrage qui inclut des réflexions et des analyses de genre de différents types d’initiatives d’ESS dans des pays du Nord comme du Sud.

Le colloque et la publication vont se prolonger par un projet de recherche dirigé par Christine Verschuur et soutenu par le SNIS sur Une analyse féministe des pratiques de l’économie sociale et solidaire à partir de l’Amérique latine et de l’Inde.