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Alumni
05 April 2016

De l'édition à la direction

Pierre Jacques, nouveau patron de MCT, a lancé de nombreuses petites affaires durant ses études à l’Institut.

Pierre Jacques, nouveau patron de MCT, a lancé de nombreuses petites affaires durant ses études à l’Institut.

Suisse d’origine belge, Pierre Jacques (Master en relations internationales, 1998) a pris les commandes de De Bethune il y a cinq ans: «le vertige était terrible, se souvient-il. Le costume paraissait vraiment trop grand, je me sentais démuni…» Comme il le dit lui-même, à l’époque, il savait «faire beaucoup de choses, mais pas piloter une manufacture». Sous sa direction, la marque basée à Sainte-Croix (VD) a pourtant vu doubler le nombre de ses employés quand la production a plus que quadruplé, jusqu’à 400 pièces par an. Pierre Jacques apprend vite…

Pendant ses études à l’Institut, au début des années 90, il a par exemple inventé un modèle d’affaires pour gagner de l’argent, en offrant 40 000 agendas aux étudiants suisses. «J’avais lancé une société qui offrait des agendas truffés de numéros de téléphone et de publicité à l’entrée des universités. Ça marchait bien…» Si bien qu’il a décliné ce concept en donnant aussi, aux mêmes étudiants, de petites mallettes de bienvenue contenant des stylos, des préservatifs, etc. En parallèle, il lançait une régie publicitaire sous-louant des panneaux dans les toilettes de 200 discothèques de Suisse. Et pilotait accessoirement le cahier emploi du Journal de Genève. «Je faisais pas mal de trucs, c’est pour ça que je n’ai terminé mes études qu’à 30 ans», s’amuse le quadragénaire.

Une fois le diplôme en poche, «je n’avais plus de crédibilité pour distribuer mes agendas, mais j’aimais bien ce monde de l’édition…» Avec Brice Lechevalier, il lance alors le magazine GMT, qu’il revendra en 2007 à Edipresse. L’éditeur le propulsera ensuite directeur du Grand Prix de l’horlogerie de Genève, poste qu’il occupera toujours durant sa période à la tête de l’antenne genevoise des Ambassadeurs. Appelé à la tête de De Bethune en janvier 2011, il y restera cinq ans. Entretien.

Reprendre les rênes de MCT aujourd’hui est un challenge, qu’est-ce qui vous a convaincu?

J’aime les challenges, on peut même dire que j’en ai fait une sorte de spécialité au fil de ma carrière. MCT est un défi passionnant, car la marque combine tous les ingrédients pour s’imposer durablement sur la scène de la haute horlogerie. Elle dispose d’un actionnariat ambitieux et soudé, d’un outil de recherche et de production à la pointe de la technique et, pour couronner le tout, de modèles absolument extraordinaires immédiatement identifiables.

Les marques de niche indépendantes sont sous pression dans la conjoncture actuelle, comment tirer votre épingle du jeu?

C’est justement lorsque la conjoncture est morose qu’il faut être capable d’offrir encore plus de plaisir, plus d’émotions et plus d’excellence! MCT est une manufacture qui bénéficie d’une liberté créative totale pour inventer de nouvelles formes de représentation et de mesure du temps, car elle dispose de toutes les compétences et de toutes les ressources à l’interne, notamment pour créer et assembler ses propres mouvements. En outre, nous avons la chance de pouvoir compter sur un propriétaire qui inscrit sa démarche dans le long terme, avec une vision très claire pour le futur, fidèle à l’esprit insufflé par le fondateur de la maison, Denis Giguet.

L’Hebdo - Montres passion, Valère Gogniat, 25 février 2016
Crédit photo: Denis Hayoun/Diode SA