Charles Kleiber a été chef du Service de la santé publique du canton de Vaud, puis directeur du Service des Hospices cantonaux vaudois, avant de devenir Secrétaire d’État à l’éducation et à la recherche de 1997 à 2007. C’est dans cette fonction qu’il a contribué à la construction d’un espace national de la formation et de la recherche.
Pour l’Institut, Charles Kleiber a joué un rôle prépondérant à plusieurs niveaux. Tout d’abord, il a été l’architecte de la création de l’Institut tel que nous le connaissons aujourd’hui en réunissant l’Institut universitaire de hautes études internationales (HEI) et l’Institut universitaire d’études du développement (IUED). Ces deux institutions, aux cultures et aux gouvernances très différentes, ont été unies grâce à son esprit visionnaire. En effet, Charles Kleiber a su voir la nécessité de rassembler ces deux instituts pour répondre aux enjeux du monde en transformation. Il percevait également que le nouvel Institut serait un atout majeur pour la Genève internationale et pour la Suisse. Il soulignait l’importance des ressources et du soutien des autorités fédérales et cantonales, qui ont été essentiels pour mener à bien ce projet. Grâce à ses efforts, la première Convention d’objectifs entre le Département de l’instruction publique du canton de Genève et le Secrétariat d’État a été signée le 26 novembre 2007 par lui-même, Charles Beer, alors conseiller d’État en charge du Département de l’instruction publique du canton de Genève, et Roger de Weck et Jacques Forster, président et vice-président du Conseil de fondation du nouvel Institut.
En outre, en tant que président du Comité de réalisation, Charles Kleiber a contribué aux prémices du projet de la Maison de la paix qui devait offrir un cadre physique à l’ambition du nouvel Institut. Pour lui, « le lieu est fondateur et s’il est bien choisi il est enchanteur ». Il avait dessiné sur un carnet un parcours de la paix, partant des Nations Unies, passant par l’Institut et allant jusqu’au lac – inspirant ainsi le nom de notre bâtiment, la Maison de la paix.
Charles Kleiber a créé les Disputes de la paix, dont la première édition, « Faut-il détruire le modèle économique de Facebook ? », s’est tenue en mai 2018 à l’Institut. Ces disputes avaient pour objectif de convier des discussions contradictoires sur différentes thématiques liées aux enjeux de notre monde, dont certains ont une dimension quasi existentielle. Dans ce contexte d’incertitude radicale, il est plus que jamais nécessaire de se parler et de réfléchir sur nos défaillances et nos limites, de nous interroger en profondeur sur nos manières de vivre et de voir le monde : « La dispute est un conflit de vérités, et après il y a un procès et on juge. » L’étape suivante est celle de la reconstruction collective de règles qui permettent d’encadrer et de contenir les conflits.
Dans un entretien récent avec Marie-Laure Salles, directrice de l’Institut, Charles Kleiber soulignait la pertinence, plus que jamais, de l’Institut en raison de « sa capacité à puiser dans l’histoire, dans les savoirs classiques, longuement construits par des savants – magnifique histoire –, à remettre tout cela ensemble, à créer une nouvelle pensée, et ensuite à lui donner vie dans la société par rapport aux enjeux d’aujourd’hui ».
L’Institut adresse à sa famille toutes ses condoléances et l’accompagne en pensée dans cette triste épreuve.