Les États sahéliens, qui sont en proie aux attaques djihadistes, sont-ils entrés dans une phase idéologique préjudiciable à leurs capacités à y faire face ? De retour du Burkina, le professeur Jean-Pierre Jacob a été frappé par l’effort des instances officielles pour maintenir l’idée que tout continue comme avant alors qu’un bon quart du pays (le Nord et l’Est) fait face à des déplacements considérables de personnes et à une situation d’insécurité permanente. Dans les faits, c’est l’ensemble des phénomènes à l’origine de cette crise sécuritaire d’importance qui paraissent ne pas pouvoir se dire alors qu’ils sont connus du plus grand nombre – faillite de l’État, déliquescence des autorités coutumières, recul des droits humains, stigmatisation de certains groupes, avancée de l’islam et renforcement de son orthopraxie, besoin de l’appui militaire des pays du Nord aux forces de défense et de sécurité nationales.
Jean-Pierre Jacob est anthropologue et professeur honoraire de l’Institut. Il a été visiting scholar à Northwestern University (1988 et 1990), directeur de recherche en poste d’accueil à l’Institut de recherche pour le développement (1999-2003) et directeur de la recherche au Laboratoire Citoyennetés à Ouagadougou entre 2003 et 2008. Observateur régulier de la société burkinabè depuis une quarantaine d’années, il a notamment publié Terres privées, terres communes : gouvernement de la nature et des hommes en pays winye (IRD Éditions, 2007) et Comprendre la trajectoire des interventions de développement (avec Ph. Lavigne Delville, AFD Éditions, 2019).