Titulaire d’un master en droit de l’Institut et d’un autre de l’Université Harvard, vous êtes actuellement doctorant et assistant d’enseignement à la Geneva Academy. Quel est le sujet de votre thèse et quels cours enseignez-vous ?
Ma thèse porte sur les questions juridiques qui se posent lorsque des ressortissants étrangers participent à des conflits armés (les fameux « combattants étrangers », ou « volontaires internationaux »). À le Geneva Academy, j’assiste des cours et enseigne principalement en droit des réfugiés. J’organise aussi des conférences permettant à nos étudiant·e·s d’échanger avec des membres de forces armées.
Qu’appréciez-vous particulièrement dans les différentes activités que vous menez et pourquoi ?
J’apprécie d’abord la substance des questions sur lesquelles je travaille, qui donne le sentiment de faire quelque chose qui a du sens, bien que souvent en lien avec des tragédies humaines.
Au quotidien, ce sont les aspects collectifs de mes activités que j’apprécie le plus. Le doctorat est un projet individuel exigeant et difficile. Les carrières académiques sont aussi souvent décrites comme solitaires. Néanmoins, il y a heureusement de nombreuses opportunités de participer à des entreprises collectives, de créer du lien et des synergies : c’est le plus enrichissant. J’apprécie également énormément l’enseignement : chaque année j’apprends beaucoup des étudiant·e·s. Leurs projets et leur enthousiasme sont une source de stimulation ; quant à leurs inquiétudes et critiques, elles sont une source saine de remise en question.
Quelles évolutions observez-vous chez nos étudiantes et étudiants ?
Même avec peu d’années de recul, je dirais que j’observe des changements mais aussi de la continuité. Des changements d’abord, en matière de diversité : des parcours, des intérêts et des origines géographiques, culturelles et socio-économiques. De fait, nos étudiant·e·s reflètent de mieux en mieux le monde dans lequel nous vivons. Nous ressentons aussi les effets d’évolutions sociales plus larges : beaucoup de nos étudiant·e·s prêtent aujourd’hui plus d’attention à certaines problématiques telles que les discriminations raciales, de genre ou sociales, ainsi qu’à leur nature et manifestations systémiques. Beaucoup sont aussi plus critiques, et le font entendre. Cela crée d’ailleurs parfois des tensions.
Néanmoins, c’est là que je vois de la continuité : depuis sa création, l’Institut se veut le défenseur de valeurs humanistes et incarne une forme d’idéalisme. Les revendications de nouvelles générations étudiantes témoignent donc à la fois des progrès accomplis et de ce qui reste à faire. Dans l’ensemble c’est une dynamique enthousiasmante, et qui donne de l’espoir en ces temps incertains.
Cet article a été publié dans Globe #31, la Revue de l'Institut.