Il y a trente ans, Yasser Arafat, leader de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), et Yitzhak Rabin, premier ministre israélien, signaient à Washington les accords dits d’Oslo, fruit de négociations secrètes qui s’étaient tenues en Norvège. Ces accords visaient la rédaction d’un traité de paix devant aboutir cinq ans plus tard à la création d’un État palestinien dans les territoires occupés depuis 1967 (Cisjordanie et Gaza). Inaugurés selon le principe de « la terre en échange de la paix », les accords prévoyaient la création d’une Autorité palestinienne (AP) dotée de services de sécurité et administrant les zones urbaines (20 % du futur État) ; une partie des zones rurales (20 %) serait placée sous administration mixte, et le reste (60 %) sous contrôle israélien.
En 1998, les espoirs suscités par les accords s’étaient évaporés. Les États-Unis – le parrain politique – avaient adopté une approche incrémentale : la feuille de route ne prévoyait pas d’intervention en cas de dérapage car elle ne prenait pas en compte la relation de pouvoir asymétrique entre Israéliens et Palestiniens. Après l’assassinat de Rabin et l’installation du premier gouvernement Netanyahou en 1996, la confiscation de terres et la colonisation en Cisjordanie reprirent pour atteindre un pic historique sous le gouvernement d’Ehud Barak. Les attentats terroristes de part et d’autre et la répression par l’armée israélienne, mais aussi par les forces de sécurité palestiniennes à l’encontre de leurs concitoyens, eurent raison du projet de paix.
Avec le déclenchement de la deuxième intifada en septembre 2000, la confrontation armée a repris le dessus. Du côté palestinien, le décès d’Arafat en 2004, la victoire du Hamas aux élections législatives de 2006 et la prise de pouvoir à Gaza en 2007 ont marqué la fin de l’unité nationale. La corruption de l’AP, qui ne représente plus qu’elle-même, y est pour beaucoup. Le seul aspect positif est la reconnaissance par l’ONU des Territoires palestiniens comme État observateur permanent en novembre 2012. Du côté israélien, la « déshumanisation » du Palestinien s’est intensifiée à travers plusieurs guerres à Gaza (de 2008 à 2021) et les stratégies de déplacement forcé de la population palestinienne en Cisjordanie, où les colons juifs orthodoxes, ultranationalistes et suprémacistes sont devenus majoritaires.
Faut-il parler d’un échec israélo-palestinien commun ? Certainement, mais c’est beaucoup plus que cela. C’est surtout une défaite de la communauté internationale, Amérique du Nord et Europe en tête, qui n’ont pas su accompagner le processus en veillant à l’application du droit international. De 1967 à aujourd’hui, ce ne sont pas les dénonciations des violations du droit international qui ont fait défaut : ce sont les décisions politiques qui auraient dû suivre pour freiner la hubris sioniste…
Image: Le président américain Bill Clinton encadre le premier ministre israélien, Yitzhak Rabin, et le chef de l’OLP, Yasser Arafat, après la signature des accords d’Oslo. 13 septembre 1993. David AKE / AFP