Conscient des profondes transformations internationales et géopolitiques contemporaines et de l’émergence de dynamiques diplomatiques importantes, complexes et plurielles, l’Institut réaffirme aujourd’hui son rôle de pionnier dans le domaine de la diplomatie en lançant plusieurs programmes d’études et initiatives, et en approfondissant ses travaux déjà en cours sur ce thème.
Cet automne, le Programme de formation continue de l’Institut, certifié Eduqua, a lancé un nouveau programme de quatre modules sur La Diplomatie, la négociation et le politique. Ce cours, qui utilise des approches d’apprentissage appliqué combinées à des études de cas du monde réel, des ateliers de prospective, des documents politiques et des pratiques de simulation, offre aux participant·es une plongée profonde dans les sphères en pleine évolution des diplomaties et des politiques nationales, régionales et internationales, qui leur permet d’expérimenter des outils innovants pour aiguiser leurs compétences de négociation et de médiation dans des situations diplomatiques et géopolitiques complexes. Ce cours est accompagné d’une nouvelle série du programme de formation continue intitulée « Upskill », qui offre des atouts stratégiques pour la diplomatie scientifique et se concentre sur des domaines critiques tels que la gouvernance des technologies numériques et la gouvernance avec celles-ci, les négociations avec et par la science, mais aussi autour de la science, ainsi que l’anticipation (à la fois scientifique et diplomatique). Ce programme avancé est appelé à jouer un rôle central dans la formation des compétences et des stratégies des diplomates et des fonctionnaires internationales et internationaux ; la diplomatie scientifique devenant une dimension importante de leur mission.
Parallèlement, l’Institut met en place une École d’été sur les nouvelles diplomaties. Intégré au Programmes d’été de l’Institut, ce cours prendra la forme d’un module d’une semaine explicitement axé sur l’émergence des multiples questions, acteurs et actrices, espaces, technologies, formes et processus qui caractérisent l’avènement de la (des) diplomatie(s) du XXIe siècle. Selon un format d’inscription ouvert, les participant·es pourront suivre ce programme spécifique seul ou le combiner avec d’autres modules existants sur la sécurité, l’humanitaire, la technologie numérique, la démocratie et les Nations Unies.
L’Institut formalise également un pôle de recherche intitulé Diplomatie et gouvernance mondiale. Hébergé aux côtés des autres pôles de spécialisation scientifique du Bureau de la recherche de l’Institut, ce thème spécifique met en évidence le travail multidimensionnel dans lequel la communauté de l’Institut est engagée autour des nouvelles dynamiques de la (des) diplomatie(s), en particulier les domaines émergents, les outils et les différentes actrices et acteurs de cette (de ces) nouvelle(s) diplomatie(s), la gouvernance transnationale et multipartite, l’avenir du multilatéralisme, la transformation de la politique étrangère et de l’art de gouverner, les partenariats public-privé et leur développement, ainsi que les formes évolutives d’autorité et de légitimité.
Outre les programmes disciplinaires de master et de doctorat en anthropologie et sociologie, économie internationale, histoire et politique internationales, droit international et relations internationales/sciences politiques, le Master en études internationales et du développement – le plus grand programme d’études de l’Institut, récemment remanié – propose désormais sept spécialisations thématiques, qui abordent, toutes, des aspects génériques et spécifiques des nouvelles diplomaties multiples et stratifiées. Il s’agit des filières spécialisées d’études « Conflit, paix et sécurité » ; « Environnement et durabilité » ; « Genre, race et diversité » ; « Santé mondiale » ; « Droits humains et humanitarisme » ; « Mobilités, migrations et frontières » ; et « Commerce et finance durables ». L’un des cours obligatoires de la partie principale du programme, « Global Issues and Perspectives », consacre 50 % de ses sessions à des discussions qui traitent directement de questions et aspects de la diplomatie et du multilatéralisme.
En sus de ses activités de formation, d’enseignement et de recherche sur la diplomatie, l’Institut participe au projet Tech for Peace financé par le Département fédéral des affaires étrangères suisse (DFAE) en collaboration avec l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). Cette nouvelle et ambitieuse initiative représente une intersection stratégique entre technologie et efforts diplomatiques et, ce faisant, souligne le rôle de solutions innovantes dans la promotion de la paix et de la coopération mondiales. En collaboration avec des partenaires clés, des efforts sont en cours pour développer un nouveau programme d’études axé sur la diplomatie de l’intelligence artificielle (IA) à l’intention des missions diplomatiques à Genève. Reconnaissant l’importance croissante et stimulante de l’IA pour façonner l’avenir de la diplomatie et des engagements internationaux, cette initiative vise à établir un cadre éducatif complet. Ces développements reflètent une approche proactive pour préparer les diplomates et les professionnel·les des relations internationales à un monde où la technologie, la diplomatie et la gouvernance mondiale sont désormais intimement liées. Ce nouveau projet, ainsi que les recherches et les activités de formation continue qui l’accompagnent, constituent une étape majeure dans l’adaptation de la formation diplomatique aux exigences du paysage mondial du XXIe siècle.
Avec près de cent ans d’expérience dans la formation de diplomates et de fonctionnaires internationaux, l’Institut se targue de contribuer de façon continue aux échanges pacifiques entre les nations. Chaque année, entre 35 % et 40 % des personnes clôturant leurs études à l’Institut choisissent une carrière dans le secteur public ; entre 60 % et 65 % d’entre elles intègrent les organisations internationales, tandis que 35 % à 40 % rejoignent les gouvernements, les ministères et les banques centrales.
Parmi les plus récent·es de ces diplômé·es, on trouve, par exemple, Miguel Carricas Laspalas, premier au concours 2023 de la diplomatie espagnole à 27 ans, ayant obtenu son diplôme il y a moins de deux ans. Leonie Mädje a obtenu son diplôme en septembre dernier et a rejoint la délégation islandaise auprès de l’Union européenne (UE) le mois suivant. On a pu voir dans l’actualité récente les diplômés de plus ancienne date que sont Gilles Grin, Térence Billeter et Antonio Hodgers contribuer au succès de la visite d’État du président français Emmanuel Macron en Suisse en novembre 2023. Béatrice Schaer, cheffe du Protocole fédéral suisse, est devenue consule générale à Istanbul en Turquie, tandis que d’autres ambassadeurs suisses parmi les alumni de l’Institut ont pris de nouvelles fonctions, comme Stéphane Tomagian en Tunisie, Félix Baumann en Ukraine, Gilles Roduit au Venezuela, David Brown au Japon ou Salman Bal au Kazakhstan/Tadjikistan, pour n’en citer que quelques-uns. Salman Bal, comme Yachar Nafissi-Azar, est devenu un diplomate suisse après être arrivé en Suisse en tant que réfugié et avoir suivi une formation à l’Institut. Toutes ces alumnae et alumni témoignent de la diversité des parcours des diplomates formés à l’Institut – sans oublier d’autres personnalités telles que feu le Secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan, la professeure Micheline Calmy-Rey, ancienne cheffe du Département fédéral des affaires étrangères et présidente de la Confédération suisse, Rafaël M. Grossi, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Michael Reiterer, Patricia Espinosa, Philipp Hildebrand, Michel Kafando ou encore Mervat Tallawy. Le nouveau portail des alumnae-i de l’Institut, lancé en juin 2023, offre davantage d’informations sur les diplômé·es de l’Institut et leur contribution significative à la fonction diplomatique.
L’héritage de l’Institut et son travail sur la diplomatie sont soutenus et renforcés par l’engagement dynamique de nos étudiant·es actuel·les dans la Junior Diplomat Initiative Switzerland (JDI), une organisation dirigée par des étudiant·es visant à rapprocher les jeunes aspirant·es à la diplomatie de la réalité de leur avenir potentiel dans le monde diplomatique par le biais d’un engagement interactif. Offrant une plateforme durable et de haute qualité où les étudiant·es peuvent appliquer leur expérience académique et s’engager sur les premières lignes de la diplomatie tout en construisant des liens durables dans la communauté diplomatique, la JDI a organisé sa Youth Dialogue Conference en mai 2022 à l’Institut.
Ces initiatives récentes de l’Institut dans le domaine de la diplomatie sont motivées par les études et les recherches prospectives continuellement menées sur cette pierre angulaire des affaires internationales, en vue de permettre à de nouvelles générations d’étudiant·es de premier cycle (cours d’été) et de deuxième cycle (master) et de professionnel·les des sphères publique et privée (formation continue) de se joindre à ces programmes, d’en bénéficier et de contribuer à la transformation nécessaire de la dynamique diplomatique dans un monde profondément modifié, complexe et incertain.
En lançant ces différents programmes à un moment où le monde est confronté à des crises profondes, continues et changeantes qui nécessitent une nouvelle réflexion audacieuse, un savoir-faire diplomatique, des connaissances historiques et des compétences actualisées, l’Institut poursuit son engagement de près d’un siècle en faveur de la formation des diplomates et des décisionnaires politiques du monde entier. Comme l’écrivent le professeur Mohamed Mahmoud Mohamedou, directeur adjoint de l’Institut, et Peter Maurer, ancien président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et Senior Distinguished Fellow de l’Institut, dans le premier numéro du Geneva Policy Outlook de l’Institut : « Si la diplomatie doit effectivement être alimentée par l’expertise, la science, la technologie et l’action citoyenne, elle doit avant tout rester au service d’une intégration stratifiée de l’interaction internationale ; la diplomatie est bien vivante, mais elle nécessite adaptation et réinvention. »