news
Interview du professeur Pap Ndiaye
03 April 2018

Engager une transformation sociale des États-Unis

À la veille du cinquantenaire de la mort de Martin Luther King, Pap Ndiaye, professeur d’histoire des Etats Unis à Science Po Paris, a donné une conférence à l’Institut.

À la veille du cinquantenaire de la mort de Martin Luther King, Pap NDiaye, professeur d’histoire des Etats Unis à Science Po Paris, a donné une conférence à l’Institut sur le thème « Martin Luther King et Malcom X: le droit à la liberté et les mots pour le dire », le 21 mars dernier. Cette conférence a été organisée en partenariat avec la Maison de l'histoire de l'Université de Genève dans le cadre du Festival Histoire et Cité, dont le thème était « Etre libre ».
Le professeur Pap Ndiaye, a accepté de répondre à nos questions.

Quelle est votre analyse de la situation actuelle des populations noires aux États-Unis?

L’élection de Barack Obama en 2008 a suscité des espoirs démesurés de « société postraciale ». Même si les mandats d’Obama ont eu des conséquences positives pour les Africains-Américains, par exemple du point de vue des procédures antidiscriminatoires, ou encore grâce à la loi d’assurance-santé et à la croissance économique, on est cependant loin du fameux « postracial ». Les inégalités raciales demeurent structurantes aux États-Unis, dans tous les domaines de la vie économique et sociale : le marché de l’emploi, l’éducation, la justice, la santé, etc. Depuis quelques années, le mouvement Black Lives Matter jette une lumière crue sur ces inégalités, et sur les violences commises par les forces de l’ordre. Les relations entre la police et les Noirs américains sont notoirement mauvaises depuis un siècle, et elles ont été à l’origine des révoltes urbaines ou des émeutes, depuis celle de Chicago en 1919 jusqu’à l’acquittement des policiers qui avaient molesté Rodney King à Los Angeles en 1992 et aux affaires récentes. Depuis les années 1970, une partie de la société noire américaine a profité de la fin de la ségrégation et des programmes d’affirmative action pour s’insérer dans la classe moyenne-supérieure du pays. Cela est très important, mais la fraction la plus pauvre de la population noire a décroché depuis quarante ans, en raison de la disparition des emplois industriels stables, des déstructurations familiales, des difficultés financières des grandes villes. La population noire américaine est donc écartelée entre un groupe supérieur qui s’en sort bien, une classe moyenne qui fluctue en fonction de la situation économique et dont le patrimoine est inférieur à celui de la classe moyenne blanche, et une classe populaire et pauvre engluée dans les difficultés de tous ordres.

 

Pap-NDiaye

Pap NDiaye, professeur d’histoire des Etats Unis

 

L’intégralité de l’entretien sera publié dans le prochain numéro de Globe, la revue de l’Institut.

Pour voir la vidéo de la conférence du 21 mars « Martin Luther King et Malcom X: le droit à la liberté et les mots pour le dire »:

 

Pap Ndiaye | Martin Luther King et Malcom X: le droit à la liberté et les mots pour le dire