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L'Institut
05 December 2019

L'IHEID, un creuset pour les étudiants asiatiques

Le multiculturalisme estudiantin de l’Institut de hautes études internationales et du développement est le fruit d’une évolution initiée par l’histoire mondiale. Grâce à une sélectionrigoureuse, la diversité continue à gagner en force, au détriment des Confédérés

Attirer les leaders de demain des quatre coins du monde: le défi que s'est lancé l'Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID) a le mérite d'être ambitieux. «Notre établissement a toujours accueilli des étudiants étrangers, note Laurence Algarra, adjointe de direction. L'internationalisation fait partie de notre ADN et de notre vocation globale.»

L'IHEID est né en 2007 de la fusion entre l'Institut universitaire des hautes études internationales (IUHEI) et l'Institut universitaire d'études du développement (IUED). L'histoire a initialement joué un rôle clé dans la composition des corps estudiantins des deux instituts pères.

Des exilés

Pendant l'entre-deux-guerres, les élèves de l'IUHEI venaient principalement des Etats-Unis et d'Europe. Nombre d'entre eux étaient des exilés, fuyant les régimes fasciste ou nazi. Après la Seconde Guerre mondiale, les étudiants venaient à Genève pour échapper aux régimes communistes. De son côté, l'Institut universitaire d'études du développement (IUED) a accueilli par tradition beaucoup d'étudiants venant de l'Afrique francophone.

L'IHEID utilise aujourd'hui divers canaux pour se faire connaître auprès de talents dans une centaine de pays. «Les étudiants étrangers sont notamment recrutés à travers des campagnes dans les médias sociaux, explique Laurence Algarra. Les présentations de professeurs, d'alumni ou de nos étudiants d'échange dans des universités, voire parfois dans des salons spécialisés, y contribuent aussi. Cela dit, nos élèves viennent principalement sur la recommandation de professeurs, d'amis ou de parents.» Une politique d'admission sélective qui vise à renforcer la réputation de l'école et n'est pas toujours comprise en Suisse: «Si l'Institut devait admettre automatiquement tout étudiant ayant un bachelor d'une université suisse dans une de ses disciplines ou un de ses domaines, explique le directeur de l'IHEID, Philippe Burrin, il lui serait difficile d'être international comme il l'est avec une majorité de ses étudiants venant du dehors de l'Europe.»

88% d’étudiants étrangers

La fin du programme de licences, en 2007, et la spécialisation du nouvel institut dans des programmes de masters et de doctorats sélectifs ont marqué un élargissement des stratégies de recrutement internationales. Aujourd'hui, 29% des étudiants viennent d'Asie, 28% d'Europe, 10% d'Amérique du Sud, 13% d'Amérique du Nord, 7% d'Afrique et 1% d'Océanie. La part des étudiants suisses, quant à elle, est tombée de 23 à 12%. Cette ouverture et ses conséquences ont fait grincer des dents dans certains milieux genevois qui avaient toujours vu cette institution comme un moyen privilégié d'assurer à leurs enfants des carrières à l'international.

Pour accueillir ces élèves étrangers, les obstacles sont légion. «Nous avons parfois des difficultés à obtenir des permis de séjour, reconnaît Laurence Algarra. Par ailleurs, même si nous attribuons un nombre important de bourses, le manque de soutien financier détourne des étudiants de venir. Un autre problème est le logement. Heureusement, grâce à la générosité du fondateur de l'Union bancaire privé et de sa famille, l'Institut a pu en 2012 ouvrir les portes de la Maison des étudiants Edgar et Danièle de Picciotto. Ce bâtiment offre près de 250 lits. En septembre 2020, l'Institut inaugurera, grâce à un autre donateur, sa nouvelle résidence étudiante, construite par le célèbre architecte japonais Kengo Kuma et qui pourra accueillir plus de 650 résidents.»

 

Cet article rédigé par Sarah Zeines a été publié dans la « Le Temps » le 2 décembre 2019.