En novembre, les professeurs Alessandro Monsutti et Jean-François Bayart ont participé dans une conférence-concert concernant 'l'immigration et asile, un débat en trompe l’œil'.
Le débat public sur l’immigration et l’asile est déformé par plusieurs effets de loupe qui l’ont rendu irrationnel. Il a pris une importance politique et polémique hors de proportion avec sa réalité démographique. Il refoule la parole des premiers concernés, d’emblée tenue en suspicion. Il systématise des amalgames entre des catégories contestables et parfois indistinctes – migrants économiques, exilés, réfugiés – dont la différenciation justifie paradoxalement la confusion et la répression, tout réfugié étant potentiellement un migrant, sinon un terroriste. Il criminalise les voyageurs au nom de la lutte contre leurs passeurs. Il prend pour argent comptant une conception essentialiste et défensive de l’identité, alors que celle-ci se construit dans le rapport à l’Autre. Il réhabilite une conception dramatique de la frontière, en la diluant à l’ensemble de la société par le biais de la surveillance policière. Il rejette les migrants et les réfugiés, mais cautionne les interventions militaires et les politiques économiques qui provoquent leur mobilité.