On comprend mieux les sources de ce rayonnement en lisant le livre qu’il a publié récemment et qui est le récit d’un itinéraire spirituel placé sur l’arrière-plan d’une vie [1].
Du haut de ses 95 ans, l’auteur peut embrasser du regard la trajectoire d’une planète passée en quelques décennies de 2 à 8 milliards d’habitants et transformée par une série de révolutions techniques dont il a observé l’impact : de la traversée de l’Atlantique en 1950 en neuf jours de bateau au vol de trois heures et demie en Concorde trente ans plus tard, du journal attendu chaque matin à la consultation instantanée du savoir de l’humanité sur un téléphone…
Ce qui ressort avant tout de ce livre, c’est un goût profond du monde. Ce goût, Yves Oltramare le doit probablement à l’exemple d’un père médecin revenu d’Argentine qui se dévoua à l’accueil d’enfants européens en Suisse pendant et après la Deuxième Guerre mondiale.
Lui-même a joué un rôle remarqué dans le soutien à la Genève internationale, notamment en créant avec Ivan Pictet la Fondation pour Genève et en siégeant bénévolement dans le comité d’investissement des fonds de pension du BIT et de l’ONU.
Le goût du monde se marque également dans l’intérêt qu’il porte à la culture et aux arts, de l’Europe à l’Extrême-Orient.
Il se marque encore et surtout dans une quête spirituelle qui est la passion de sa vie et où il se prolonge d’une recherche du sens du monde.
Né dans une famille calviniste, Yves Oltramare est tôt attiré par la spiritualité catholique et notamment par les exercices de méditation de l’ordre des Jésuites.
Fondamentalement œcuménique, il conçoit la spiritualité comme une démarche qui interroge la création à toutes ses échelles, des êtres vivants au cosmos, et évite toute conclusion définitive.
Le goût du monde se manifeste encore par un engagement dans le monde qui va bien au-delà de l’activité professionnelle. Yves Oltramare est philanthrope pour traduire en actes sa solidarité avec l’humanité.
La fondation qu’il a créée avec sa femme, Inez, soutient la culture, l’art, les musées, mais aussi les déshérités de Haïti.
Sa décision en 2011 de financer à l’Institut une chaire sur la religion et la politique dans le monde contemporain peut être vue comme un développement logique de cette triangulation de l’ouverture internationale, de la curiosité intellectuelle et de l’engagement philanthropique.
L’idée de faire partager à des étudiants venus du monde entier et futurs acteurs internationaux une lecture critique de l’interaction entre religion et politique était novatrice.
Le défi a été relevé grâce au talent du titulaire de la chaire, Jean-François Bayart, professeur d'anthropologie et sociologie.
En apportant un nouveau financement qui permettra, en partenariat avec l’Institut, de prolonger cette chaire pour vingt ans, Yves Oltramare donne aux prochaines cohortes d’étudiants la chance de mieux analyser une thématique qui restera importante dans les relations internationales et le développement des sociétés.
Nous lui sommes profondément reconnaissants de son soutien bienveillant et le remercions de l’exemple qu’il nous donne par sa confiance en l’avenir.
[1] Yves Oltramare, Tu seras rencontreur d’Homme : une voie vers l’accomplissement, Labor et Fides, 2019, 264 p.
Cet article a été publié dans Globe, la revue de l’Institut.