Titulaire d’un master en sciences politiques obtenu à l’Institut en 1996, Stephanie Kleine-Ahlbrandt supervise le travail d’une équipe d’experts basée à Pékin et est responsable des recherches et analyses sur le rôle que joue la Chine dans les conflits internationaux. L’article qui suit a été publié dans le Figaro le 22 août 2012.
Le débarquement de militants chinois sur les îles Diaoyu/Senkaku il y a deux semaines est la manifestation la plus récente des tensions en mer de Chine méridionale depuis que Pékin se montre de moins en moins conciliant. La Chine n’y va pas de main morte en jouant sur les faiblesses de ses rivaux du Sud-Est asiatique, parmi lesquels figurent le Vietnam et les Philippines. Son approche initiale, qui consistait à répondre avec force à ce qu’elle estime être des actes de provocation dans les eaux contestées, semble avoir laissé place à une attitude plus intransigeante encore.
Lors de la confrontation avec les Philippines dans le récif de Scarborough, en avril, Pékin, accusant Manille d’avoir transformé un affrontement ordinaire entre pêcheurs en une crise diplomatique par l’envoi d’un navire militaire, a tout de même envoyé des navires civils de surveillance. Aujourd’hui, ils sont toujours dans le récif. Par ailleurs, la Chine n’hésite pas à faire valoir sa puissance économique : elle a durci les conditions d’importation de fruits tropicaux, ce qui a causé 34 millions de dollars de pertes aux Philippines. En juin, le jour où le Vietnam a établi de nouvelles règles de navigation qui s’appliquent notamment aux îles Spratly et Paracel, au cœur du différend maritime, la Chine a annoncé la création de Sansha City, une vaste entité administrative située en territoire contesté, et autorisé l’armée à y établir une garnison.
Cette ligne dure s’est à nouveau manifestée quand la China National Offshore Oil Company a lancé un appel d’offres pour l’exploration du pétrole, y compris dans la zone économique exclusive vietnamienne. La Chine n’est pas près de céder ; elle tente même d’harmoniser sa politique en mer de Chine méridionale. Depuis mi-2011, Pékin a renforcé sa diplomatie maritime, qui résultait jusqu’alors des actions décousues des acteurs militaires, économiques, maritimes et locaux. Suite de l’article
Stephanie Kleine-Ahlbrandt a rejoint l’International Crisis Group (ICG) en octobre 2007. Préalablement, elle a été chercheuse résidente en relations internationales au Council on Foreign Relations à New York où elle est aujourd’hui membre associé. Elle a également travaillé une dizaine d’années pour les Nations unies, période pendant laquelle elle a assuré la coopération avec la République populaire de Chine et occupé les fonctions de responsable de la région Asie-Pacifique ainsi que chargée de mission au sein du département Afrique.
En 1996, Stephanie Kleine-Ahlbrandt a été détachée pour le Département d’Etat américain auprès de la mission de l’OSCE en Bosnie-Herzégovine. En 1994 et 1995, elle a enquêté sur le génocide et les violations des droits de l’homme au Rwanda, au nom des Nations unies.