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Éditorial
15 November 2019

L’Institut et la philanthropie

Partout dans le monde universitaire, le financement philanthropique gagne en importance, et pour cause. Il permet d’ouvrir des chantiers nouveaux, élargit la base d’appui dans l’espace public, fonctionne comme un signal de confiance dans la fiabilité et la qualité d’une institution. Si son volume est relativement limité (quelques pourcents du budget des universités suisses), il fait une différence significative dans des domaines comme les projets d’infrastructure, la création de chaires et le financement de bourses. 

L’Institut a eu la chance de bénéficier dans la dernière décennie de la formidable générosité de fondations et de mécènes qui lui ont apporté environ 175 millions de francs (ce chiffre ne comprend pas le financement de travaux de recherche). Les deux tiers sont allés à la construction d’immeubles, notamment des deux résidences étudiantes, ainsi qu’à la rénovation du domaine Barton. Le dernier tiers a permis de financer des chaires et des bourses. L’ensemble a créé une « marge d’excellence » que la main publique ne pouvait pas procurer. Il fait de notre institution l’un des établissements de sciences sociales les mieux dotés en Europe et dans le monde (le gros du financement philanthropique va à la médecine, aux sciences et aux business schools). 

Il est vrai que l’Institut jouit d’un certain nombre d’atouts : la flexibilité qui découle de son statut de fondation de droit privé, une vision stratégique portée par une gouvernance indépendante, des professeurs de haut niveau, des étudiants prometteurs venant du monde entier, une recherche de pointe sur les grands défis de la planète. Mais ces atouts nécessitent d’être mis en valeur et soutenus par un effort continu. Il s’agit d’établir une relation de confiance avec une série de cercles de soutien : fondations, mécènes, alumni, et même collaborateurs de l’Institut, qui chaque année collectent le montant d’une bourse complète. Pour être durable, cette relation doit s’inscrire dans le cadre clair d’un partenariat qui assure le respect des règlements de l’Institut et garantit la complète indépendance de ses choix. Nos donateurs l’ont bien compris et nous les en remercions.

La relation de confiance doit aussi exister avec les autorités publiques, dont l’apport reste essentiel. Car si, après avoir encouragé les partenariats publics-privés et la recherche de fonds philanthropiques, elles diminuent leur soutien, il sera difficile de faire valoir à des donateurs potentiels que leur contribution ajoutera une « marge d’excellence » au financement public. 

L’Institut entend rester un partenaire fiable et mériter la confiance de tous ceux qui lui apportent les moyens de se développer, autorités publiques comme fondations et mécènes. Avec leur soutien, il continuera à faire rayonner Genève et la Suisse dans le monde.

Cet éditorial a été publié dans le nouveau numéro de Globe, la revue de l'Institut.