Assis dans le jardin secret de Kutchi, nous attendons le jeune diplomate suisse Il arrive, lesté d’un complet bleu passe-partout. D’emblée, il explique le choix de ce restaurant, sis à la sortie de Genève vers Lausanne, pour ce déjeuner avec Le Temps. La terrasse est riche en symboles. Il est tenu par un ancien diplomate afghan qui a abandonné son poste pour protester contre l’arrivée des talibans à Kaboul. D’inspiration indienne et perse, la cuisine y est succulente. L’eau qui coule de la fontaine lui rappelle en permanence qu’il s’agit d’une ressource rare et ô combien vitale à l’humanité. Kutchi, c’est hors des sentiers battus, mais aussi à proximité de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). On le voit immédiatement: le diplomate de 38 ans a bien préparé la rencontre. Il maîtrise son verbe.
«Normalement, je viens ici à vélo ou en scooter.» Aujourd’hui, il a pris la Zafira familiale. Ce n’est en effet pas un jour comme les autres. Nicholas Niggli va rendre, après cinq ans, sa casquette de président du comité de négociations de l’Accord sur les marchés publics (AMP). Il s’agissait de remettre à jour cet instrument qui date de 1994 et dont seuls 42 pays, essentiellement les économies industrialisées, sont parties prenantes. L’objectif était non seulement d’en élargir la portée, mais aussi de l’ouvrir aux pays émergents. L’AMP concerne les achats effectués par les pouvoirs publics, lesquels représentent entre 15 et 20% du produit national brut mondial, soit un pactole de 1600 milliards soumis aux appels d’offres ouverts aux pays signataires. Les négociations pour admettre de nouveaux membres se poursuivent. Les attentions sont tournées notamment vers la Chine qui s’est engagée à y faire son entrée. L’arrivée du géant chinois ouvrira des marchés énormes aux exportateurs. «La longue marche pour inclure Pékin a débuté, poursuit le diplomate. Les négociateurs chinois sont positifs et font preuve d’excellentes dispositions. Mais nous réalisons aussi que leur adhésion requiert une grande réorganisation au niveau de l’Etat central, des provinces et des entreprises publiques.» (…)
Est-il intéressant d’être diplomate d’un petit pays comme la Suisse? «Si j’avais pensé à un seul moment que la Suisse ne comptait pas, j’aurais choisi une autre voie. Elle pèse pour 2% dans le commerce mondial, mais se trouve parmi les 20 à 30 délégations qui comptent à l’OMC.» (…)
Article complet - Le Temps Ram Etwareea, 23 juillet 2012
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